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Blog: Opinion sur la nouvelle norme d'isolation de la toiture en Région Flamande


Paul Eykens, administrateur délégué ISOPROC, dans Rooftech 11/2019

Dès 2020, il y aura des points de penalité si la norme d'isolation de toiture n'est pas atteinte...

(Source: Rooftech - http://rooftech.pmg.be/ )

Depuis le 1er janvier 2015, la norme pour l'isolation de toiture s'applique à toutes les habitations indépendantes situées en Région Flamande. D'après cette norme, toutes les habitations doivent, d'ici 2020, avoir une isolation de toiture ou de plancher de grenier avec une résistance thermique R de minimum 0,75(m².K)/W. Si ce n'est pas le cas, on écope de 15 points de pénalité et l'habitation risque d'être déclarée inhabitable.

LA NORME D'ISOLATION EST-ELLE TROP STRICTE?
Pas du tout! On peut déjà y répondre avec 3 à 4 cm d'isolation. De plus, rien n'est indiqué concernant la qualité de la réalisation. Cela signifie qu'un matelas à languettes qui est placé depuis des décennies et dont 3 à 4 cm dépassent peut suffire, même si les languettes sont déchirées localement, si la pose ne prévoit pas de chevauchement et si la fixation n'est pas étanche à l'air. Et malgré cette faible exigence, il y a encore des exceptions. Ces 3 à 4 cm ne sont pas requis lorsqu'il s'agit d'une construction ouverte avec un score énergétique de max. 600 kWh/m², ce qui correspond à un quarantième de l'exigence pour une maison passive.

UN MAUVAIS SIGNAL
Pourtant, le Gouvernement Flamand avait des projets ambitieux pour le secteur du logement en 2008. La ministre de l'Energie de l'époque, Hilde Crevits, avait annoncé qu'il n'y aurait plus que des maisons économes en énergie en 2020. Lorsque la norme d'isolation de toiture pour 2020 a été votée, on a visé beaucoup moins haut. Pour autant que les propriétaires soient au courant de la norme d'isolation de toiture, il y a de fortes probabilités qu'ils pensent y répondre si le toit de leur maison est bien isolé. Les politiques et les citoyens arrivent à se convaincre qu'ils sont sur la bonne voie.

ET LA PRIME?
Heureusement, pour la prime d'isolation de toiture, l'exigence est six fois plus élevée (valeur R de 4,5(m².K)/W) que pour répondre à la norme d'isolation de toiture. Mais reste à savoir si cette exigence suffit pour arriver, à terme, à un parc immobilier économe en énergie.
A titre de comparaison: en France, cela fait plusieurs années que les autorités misent sur l'isolation des greniers non chauffés, entre autres. Un système ingénieux a été mis au point: les pollueurs, comme Total par exemple, sont lourdement taxés sur les émissions de leurs installations pétrochimiques. Ils peuvent éviter ces taxes on achetant des certificats aux particuliers qui en ont obtenu en faisant isoler leur habitation. La demande de certificats est telle que l'isolation de tout un plancher de grenier ne coûte pas plus d'1 euro symbolique au particulier. Mais il faut atteindre une valeur R de minimum 7(m².K)/W, soit 55% de plus que l'exigence pour la prime d'isolation de toiture en France et plus de 9 fois la norme d'isolation de toiture. Aujourd'hui, il a été annoncé que, dans une phase suivante, il faudra aussi s'attaquer à l'isolation des murs. On pense ici à des primes de 120 €/m².

VERS QUOI FAUT-IL ALLER?
Dans le cadre de la lutte contre la crise climatique, l'Europe voit avant tout des possibilités dans le secteur du logement. Concrètement: d'ici 2050, tous les bâtiments devront être neutres en énergie. On entend par là que tous les bâtiments doivent être isolés de manière à ce que la demande énergétique restante soit suffisamment basse pour être couverte avec de l'énergie renouvelable, même en hiver. La valeur R indiquée pour ça dépend de nombreux facteurs mais pour les toitures de logements passifs, qui ne nécessitent quasiment pas d'énergie pour le chauffage ou le refroidissement, on arrive généralement à une valeur R de l'ordre de 10(m².K)/W. C'est valable pour la nouvelle construction mais aussi pour l'isolation de bâtiments existants. De plus, pour amener l'intégralité du parc immobilier au niveau requis d'ici 2050, il faut plus que tripler le degré de rénovation, qui est actuellement d'1% par an en Flandre actuellement.

PROFESSIONNELS MOTIVES
Heureusement, la photo ci-dessus n'est pas un détail de projet de construction prestigieux. Il s'agit de l'isolation appliquée sur un module de chantier temporaire. Malgré tout, il est dommage qu'en isolant les locaux où ils séjournent euxmêmes, les ouvriers n'aient guère exploité les possibilités de l'isolation mise à leur disposition. Ils ont négligé presque toutes les règles de base en matière d'isolation.
Par exemple:

  • la partie extérieure n'est absolument pas étanche au vent;
  • le compartiment n'est rempli que partiellement;
  • l'écran pare-vapeur est placé à l'extérieur plutôt qu'à l'intérieur;
  • l'écran pare-vapeur n'est pas placé de manière étanche à l'air.

Même si cette photo est un exemple extrême, la qualité d'exécution en matière d'isolation et d'étanchéité à l'air est souvent médiocre. Illustrant cela, pour obtenir la prime flamande pour l'isolation de toiture ou de plancher de grenier lors de l'isolation d'une toiture inclinée, la condition technique est que l'on applique un écran pare-vapeur à l'intérieur. Mais ce n'est pas une condition pour les planchers de grenier.
De plus, il n'y a aucune exigence en matière d'étanchéité à l'air de la construction. Apparemment, on part du principe qu'il y a un écran parevapeur sur le matériau utilisé (par exemple un film alu sur un rouleau de laine minérale ou un cache anti-vapeur sur une plaque PUR) et que cela équivaut à l'application d'un écran pare-vapeur. Comme si le remplacement d'un simple vitrage par du triple vitrage suffisait pour rendre performante une menuiserie qui ferme mal!

Augmenter le niveau de connaissance
Le niveau de connaissance chez les professionnels du bâtiment – concepteurs, exécutants et contrôleurs – doit sérieusement augmenter. Ce n'est pas un hasard si les entrepreneurs qui veulent travailler avec notre isolation doivent
suivre cinq journées complètes de formation, dont deux journées de physique du bâtiment axées sur la pratique et mettant l'accent sur l'étanchéité au vent et à l'air, les ponts thermiques … Le fait qu'ils consacrent une semaine entière à acquérir les connaissances nécessaires témoigne de leur motivation à fournir du bon travail et à contribuer ainsi à réduire les émissions de CO2. Le fait de miser uniquement sur des valeurs R (théoriques) élevées, sans réalisation de qualité, n'est pas une solution.

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